Résumés de la
Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance
volume 64, fascicule 1

 

W. Monter; "The Fate of the English and French Reformations, 1554-1563"

L'histoire comparée des destins de la Réforme en Angleterre et en France pendant l'époque décisive entre 1554 et 1563 n'a guère été étudiée. malgré son importance. On présume que les résultats respectifs (l'établissement d'une église nationale protestante et l'éclatement des guerres de religion) furent en quelque sorte predestinés. Mais en réalité ils furent en partie les conséquences des accidents dynastiques imprévisibles, et en partie determinés par la force respective des mouvements protestants dans les deux pays voisins.
Les accidents dynastiques, la mort prematurée de Marie I Tudor en 1558 et celle d'Henri II en France en 1559, sont connus et leurs consequences ont été appreciés, à la fois par des contemporains et par la posterité, à une époque de confessionalisme naissante qui a déjà fait sien la phrase cuius regio, eius religio. Mais donner force de loi au credo du prince exige aussi qu'il soit assez fort dans son pays pour être imposé aux croyants. Et le paradoxe ici, c'est que, vers la fin des années 50 du XVIe siècle, le mouvement protestante fut bien plus fort et bien mieux organisé en France qu'en Angleterre. Par conséquent, l'Angleterre a vu naître une église nationale protestante relativement irenique et syncrétique. En France, avec les Huguenots incapables de prendre possession de l'Etat malgré tous leurs efforts, ils ont fini par perdre patience et ont lancé le défi tragique (surtout pour eux-mêmes) d'une guerre civile.

 

Comparing the respective fates of the English and French Reformation movements during the critical and decisive period between 1554 and 1563 is an historical exercise which has never been seriously undertaken, despite its obvious importance. We often assume that the respective outcomes - the careful re-establishment of the English Protestant church, and the defeat of the Huguenots after the outbreak of the French Wars of Religion - were somehow preordained. Yet they were in fact partly accidental and partly determined by the respective strengths of the Reformation movements in each country.
The dynastic accidents - the unexpected accession of Elizabeth I in 1558 and the equally unexpected death of Henri II in France a year later - are well known. In an age of nascent confessionalism, already marked by the principle of cuius regio, eius religio, their consequences were enormous. But implementing the ruler's religion depended upon its strength and vitality within his state. Measured by almost any standard, French Protestantism was far more developed and dynamic in the late 1550s than its English counterpart. The English via media was a compromise determined in large part by that relative weakness, whereas the much stronger French Protestants, frustrated in their attempts to control the sovereign and thus the state, finally plunged into the ultimately fatal adventure of civil war.

 

A. Jacobson Schutte, "Suffering from the Stone: the Accounts of Michel de Montaigne and Cecilia Ferrazzi"

A venir - Soon available

 

R. Reynolds-Cornell: "Les Misères de la femme mariée: Another Look at Nicole Liébault and a few Questions about the Woes of the married Woman"

Nicole Liébault was an intelligent, well-educated woman whose claim to fame, in addition to being the daughter of the erudite Charles Estienne, is to have written The Woes of the Married Woman, in which one may read of the sorrows and the torments that she endures through her life. This three-pronged indictment of arranged marriages, of the institution of marriage, and of men as the authors and beneficiaries of its laws, has often been read as partly if not wholly autobiographical, a conclusion on which not all critics agreed. A thorough reading of her proto-feminist Stances in the context of her own life and of her society led to a study of Jean Liébault's chosen field of research and of his publications, revealing an unexpected facet of his personality. Further research also shed a new light on Mme Liébault. Finally, a comparative reading of her Stances and Philippe Desportes' well-known Stances du Mariage strongly suggests that a re-evaluation of her recently acquired reputation of a wretchedly unhappy woman living in abject poverty in the shadow of an abusive husband is in order.

 

C'est en partie parce qu'elle était la fille de Charles Estienne que l'on connaissait au XVIe siècle l'intelligente et cultivée Nicole Liébault. C'est avant tout à son poème "mis en forme de Stances": Les Misères de la femme mariée: où se peuvent voir les peines et tourmens qu'elle reçoit durant sa vie qu'elle doit d'être connue de nos jours. Cette fougueuse condamnation des mariages arrangés, de l'institution du mariage, et des hommes, auteurs des lois dont ils sont les bénéficiaires, a souvent été interprétée comme une œuvre entièrement ou en partie autobiographique, conclusion que n'acceptent pas tous les critiques. Une lecture approfondie de ses stances proto-féministes dans le contexte de sa vie et de sa société se devait d'inclure son mari Jean Liébault, ses recherches et certaines de ses publications, qui révèlent une facette inattendue de son caractère. Plusieurs documents peu connus montrent aussi Mme Liébault sous un jour différent. Enfin, une étude comparée de ses Stances et des Stances du Mariage de Philippe Desportes, suggère qu'il convient de réévaluer la réputation d'épouse maltraitée par un homme tyranique et condamnée à vivre dans la plus abjecte pauvreté, que lui prêtent les lecteurs et surtout les lectrices de notre ère.

 

 

 

NOTES ET DOCUMENTS

 

J. Bryce, "Fa finire uno bello studio et dice volere studiare", Ippolita Sforza and her books

A venir - Soon available

 

G. Banderier, "A propos d'un sonnet attribué à Pontus de Tyard"

On trouve dans l'exemplaire de l'Univers (1578) de Pontus de Tyard qui appartient à M. Jean Paul Barbier, collectionneur genevois bien connu, trois poèmes manuscrits, que la critique n'a pas manqué d'attribuer à Tyard lui-même. Or un de ces poèmes a été imprimé sur un placard, qui l'attribue expressément à Du Perron, un ami de Tyard, en outre préfacier du volume où ces poèmes sont transcrits. On peut donc raisonnablement supposer que nous sommes en présence de textes attribuables à Du Perron.

 

Three manuscript poems have to be found in Mr Jean Paul Barbier's copy of Pontus de Tyard's Univers (1578). They have naturally been ascribed to Tyard himself. One of them was nevertheless printed on a galley, where it is clearly attributed to Du Perron, a friend of Pontus de Tyard, who wrote a foreword for the Univers. The note suggests to ascribe henceforth these three poems to Du Perron.

 

K. M. Macdonald; "Un exemplaire illustré des Elogia Gallorum doctrina Illustrium (1602) de Scevole de Sainte Marthe et l'iconographie de Joachim Du Bellay: un portrait inconnu?"

Les collections de biographies ornées de portraits gravés ont connu une vogue énorme au seizième siècle en France ainsi qu’en Italie (e.g. Paolo Giovio, Elogia, Antoine du Verdier, Prosopographie, ou André Thevet, Vrais pourtraits et vies). Scévole de Sainte-Marthe fait donc figure d’exception quand il publie toutes les éditions de ses Virorum doctrina illustrium qui hoc seculo in Gallia floruerunt Elogia, apparemment sans se soucier de les embellir de portraits de ses personnages érudits. Mais il existe à la BnF un exemplaire de la deuxième édition des Elogia (1602, Rés. 8º LN 9 29), qui contient plusieurs portraits en miniature découpés et collés dans les marges, y inclus un portrait-médaillon de Joachim Du Bellay jusqu’ici ignoré, et dont la source reste malheureusement difficile à préciser.

 Collections of biographies illustrated with portrait engravings enjoyed a tremendous vogue in sixteenth-century France and Italy (e.g. Paolo Giovio’s Elogia, Antoine du Verdier’s Prosopographie, or André Thevet’s Vrais pourtraits et vies). Scévole de Sainte-Marthe is thus an exception in that all of the editions of his Virorum doctrina illustrium qui hoc seculo in Gallia floruerunt Elogia were published without portraits. However, the BnF possesses a copy of the second edition of the Elogia (1602, Rés. 8º LN 9 29) which contains numerous miniature portraits which have been cut and pasted in its margins, including one of Joachim Du Bellay, hitherto unknown and the source of which unfortunately remains difficult to ascertain with certainty.